Les voilà arrivés.

Au moins La Prison n'est pas clôturé, c'est un bon point, pensèrent-ils.

Oui, ça avait son importance, pour chacun d'eux.

Être prisonnier n'était pas facile, loin de là. On n'était plus maître de notre vie. On n'était plus maître de rien. On ne pouvait plus aller là où on le souhaitait, on devait tempérer son caractère, réfléchir, travailler sur soi, essayer de changer, de devenir meilleur. On était confronté à des épreuves que l'on aurait fuit si on l'avait pu.

Mais en tant que prisonnier, il fallait subir, oui subir, pensa Heidi.

Pourquoi il est là. Pourquoi, voulait-elle hurler, se mordant la lèvre pour ne pas le faire.

Elle venait à peine de déposer le pied sur le terrain de La Prison, qu'elle bouillonait de rage.

Et c'est avec un sourire forcé qu'on la vit sur le même cliché que Kendo, immortalisant leur arrivée.

Kendo l'avait lui aussi reconnu. Mais il prenait la nouvelle tout autrement, il en était satisfait. Un sourire beaucoup plus sincère se dessina au coin de ses lèvres.

Katia était nerveuse. Tous ses changements dans sa vie depuis son incarcération la rendait nerveuse. Elle n'avait pas voulu faire ce qu'elle avait fait. Mais elle l'avait fait. Ça avait été plus fort qu'elle, tranquillement, elle avait sombré dans une sorte de folie qui l'avait poussé à commettre toutes ces horreurs.



Micky observait, se faisait une opinion sur chacun de ses co-détenus.

Il observait les gars pour déceler leur caractère. Il voulait être sûr d'être le meneur. Non, il ne se laisserait pas diriger par ces deux gars. Il était clair pour lui qu'il les surpassait en terme d'intelligence et de finesse.

Il jaugeait aussi les femmes. Avec quelle facilité se laisseraient-elles manipuler. Avec quelle facilité se laisseraient-elles dominer.

Shawn pensa, au moins les femmes sont belles. Heidi et Samira attirait particulièrement son regard. Vivre avec elles n'allait pas être déplaisant, se disait-il. Ce sera moins ennuyant que je me l'étais imaginé, pensa t-il.

Il avait toujours été charmé par les blondes. Mais, la petite Samira l'intriguait, le séduisait, à sa façon. Son look peu commun lui plaisait beaucoup.

Il pensa, je me ferai les deux avant de partir d'ici. Peut-être même Katia, pourquoi pas. Elle n'est pas mal non plus.

Les pensées de Samira était tout autre. Bien qu'elle affichait un air presque candide, la tête haute et le regard teinté d'espoir, violence se faisait en elle.

Elle détestait déjà tous les autres. Elle ne voulait pas les connaître davantage. Elle détestait encore plus être confiné dans cet endroit. Elle n'aimait pas qu'on lui dise quoi faire et aucun d'entre eux ne devait s'aviser de le faire.

Elle voulait bien changer, oui, elle le voulait, mais déjà des pulsions destructrices s'insinuaient dans ses pensées.



Tous entrèrent dans la maison. Ils se dirigèrent d'abord vers la cuisine.

Chacun, perdu dans ses pensées, balayant la pièce du regard, en constata le dénuement.

Personne ne dis mot.

Ils avaient besoin de ce moment pour faire l'état des lieux où ils allaient vivre, ces lieux où ils allaient subir la sentence que la société leur infligeait.



Heidi fut la première à quitter la pièce pour se rendre dans la salle d'eau.

Kendo la suivit de près.

- Comme on se retrouve Heidi.



- Laisse-moi tranquille Kendo.

- Ne sois pas si farouche. T'es toujours aussi belle, magnifique.

- Merci Kendo, mais j'ai changé.



- Allez viens découvrir mon lit comme il se doit.

- Non Kendo. Je te dis que j'ai changé. Je ne suis plus la même. Je ne veux plus être celle que j'ai été.



Kendo, l'embrassa de force.

- Tu n'as pas changé. Tu étais une pute, et tu es toujours une pute, une salope, Heidi.

- Lâche-moi Kendo, c'est faux, lâche-moi.

- Une salope, c'est ce que tu es. Il n'y a qu'à voir ce que tu as fait de ce chemisier. T'es toujours une salope, Heidi, tu n'as pas changé. Tu sais que j'ai le contrôle sur toi, tu le sais ma petite salope à moi. En fait, ton petit jeu m'excite.



- Restes loin de moi Kendo. Je t'en prie. Je ne suis plus celle que tu penses, c'est fini, c'est terminer. Oublie-moi.

- Sois certaine que je ne t'oublie pas Heidi, comment t'oublier. Tu sais que tu me charmes avc tes petits airs de chaudasse.



Heidi rejoint Samira dans l'une des chambres. Shawn était avec elle.

- Samira, je me disais qu'on pourrait prendre la même chambre. Je ne veux surtout pas me retrouver avec Kendo.



- Je ne pense pas qu'on s'entendrait Heidi. On est complètement différente, je ne pensais pas me mettre avec une femme. À vrai dire, je pensais que j'aurais ma chambre seule.



Shawn qui n'attendait qu'une occasion ne put s'empêcher de la saisir.

- Tu préfères te mettre avec un homme, on peut être ensemble, si tu veux, Samira.



- Non, je penses pas que ce soit une bonne idée.

- C'est bon Sam, si tu ne veux pas.



- D'où on se connait pour que tu me donnes déjà des surnoms.

- Désolé, je ne pensais pas que ça te dérangerait.

- Et bien oui, figures-toi.

- Compris.



Les autres firent irruption dans la chambre.

Micky s'écria :

- Alors c'est ça les chambres.

- Oui, des chambres doubles, même pas moyen d'avoir la paix dans sa propre chambre.

- Si on peut pas être en paix, vaut mieux être avec toi, alors.

- Bon, puisqu'il le faut, mais qu'on s'entendent, dès qu'on a un peu d'argent, on sépare ces foutues chambres.



- Reste nous 4, comment on divise les deux autres chambres.

- Je préfèrerais être avec une femme si Katia veut bien.

- Oui, c'est daccord, Heidi. Ça me va.

- C'est ok, Heidi, pour le moment, ça t'étonnes hein.

- Un peu oui, merci Kendo.

- De rien ma belle, de rien.

Heidi était soulagé qu'il n'ait pas fait de scène pour l'obliger à partager sa chambre. Mais, elle ne pouvait s'empêcher de se dire qu'il n'avait pas lâché l'affaire, qu'il préparait autre chose, il le lui avait bien dit, il ne l'oublierait pas.

Ce fut tout de même avec un certain soulagement qu'elle s'installa avec katia.

- Ça te va Shawn.

- Euh...oui, bien sûr.

Shawn pensait tout le contraire. Il aurait bien aimé partager sa chambre avec l'une des femmes.

Mais les choses s'étaient décidé ainsi.

Il était déçu du choix de Samira, qu'est-ce qu'elle lui trouvait de plus à ce Micky, pour l'accepter dans sa chambre.

Et la façon qu'elle lui avait répondu, elle avait été si brusque.

Mais elle l'intéressait tout autant, il était attiré par elle.



Les chambres assignées, chacun tenta de se trouver une occupation.

Katia s'empressa de s'emparer du chevalet. Elle peint une petite toile.

Katia avait toujours aimé les arts et c'est par l'art qu'elle allait effectuer sa rédemption.



Shawn avait besoin de bouger un peu, de se dégourdir les jambes. Il joua au footbag.

Samira le rejoignit. Elle le regarda. Par moment, elle riait de lui.

- Viens jouer, Samira, au lieu de te moquer.



Heidi qui avait cuisiné une salade cria :Venez tous, j'ai préparé le dîner.



- Allons voir ce que cette gourde a cuisiné.

- Tu es toujours aussi méchante, Samira?

- Oui, et si ça te plait pas, t'as qu'à t'éloigner de moi.

- Je te ferai remarquer que c'est toi qui m'a rejoint, je n'avais rien demandé Samira.

- Fallait bien que je viennes constater quel idiot tu es, lança-t-elle en tournant les talons.

- Tu changeras d'avis.

- J'en serais étonné.



Tous se réunirent autour de la table pour manger la salade faite par Heidi.

Heidi, fière d'elle, les observait.

Aimaient-ils cela? Était-ce bon?

C'était important pour elle.

Elle avait décidé de s'occuper des repas, le plus souvent possible, sa réinsertion passait par là.

Elle devait apprendre toutes les recettes afin de pouvoir travailler dans la restauration à sa sortie de prison.

Il faudrait bientôt acheter une cuisinière. Elle allait insister auprès des autres pour en faire une priorité. Après tout, ça leur servirait à eux aussi.



Elle eu dabord l'occasion d'en parler à Micky.

- Et puis Micky, comment tu as trouvé ma salade.

- On en reparlera quand tu cuisineras quelque chose de mieux qu'une salade, des steaks, par exemple.

- Mais je n'ai pas de cuisinière, rien qui me permette de faire un plat qui demande de la cuisson. Je n'ai qu'un petit plan de travail. T'es daccord qu'il faut une cuisinière.

- Ouais, je suis daccord.

Au fond d'elle, elle voulait aussi montrer à Kendo qu'elle savait faire autre chose.



Katia qui venait de terminer sa peinture pensa, oui c'est bien moi, telle que je l'étais petite. Cette peinture c'est moi.

La Prison la récupéra et lui remis en échange un montant de 2 simflouz.

- Ridicule, c'est ridicule, un portrait de moi, petite, et on me donne que 2$. C'est plus que ridicule, c'est aberrant. J'y ai passé l'après-midi et je ne me suis même pas améliorée. Combien de temps vais-je rester ici. Combien de temps, marmonnait-elle, au bord de la crise de nerf.



- Alors, t'es vraiment avec moi Micky. Tu m'aideras auprès des autres, pour qu'on achète une cuisinière en premier. Je te ferai de bons petits plats Micky, je te promet.

- C'est bon Heidi, c'est bon, tu l'auras ta cuisinière. T'en fait pas pour les autres, je m'en occupe. Mais tu me fais tous mes repas Heidi. Quand j'ai faim, tu me cuisines quelque chose.

- Oui, Micky. Je le ferai.

- Tu n'attendras plus longtemps alors, je m'en charge.

- Merci Micky, je savais que je venais voir la bonne personne. Merci.

- Tu me remercieras bien assez, tu verras, bébé.



- Qu'est-ce que tu complotais avec Heidi.



- En quoi ça te regarde Samira. Je n'ai pas de compte à te rendre. Va piquer ta petite crise ailleurs que devant moi.

Quel con. Il ne sait pas qui je suis, il ne sait pas à qui il a dit ça, fulminait Samira. On ne me réponds pas comme ça, il le regrettera.



Samira qui avait parfois de la difficulté à attendre le bon moment de sa vengeance, avait parfois du mal à contenir ses impulsions. Elle leva la main, retenant le volcan de haine et de rage qui menaçait à tout moment d'entrer en éruption.

- Tu vois comme je tremble, la nargua Micky. Ne t'avises pas de me frapper.



Sentant la tension entre Samira et Micky, Shawn s'approcha pour tenter de faire diversion. Il se demandait pourquoi Samira semblait si en colère, mais la connaissant depuis quelques heures à peine, il pouvait déjà répondre que Samira était tout le temps en colère, renfrognée, haineuse, méchante et agressive. Elle lui paraissait malheureuse. Malgré tout, il voulait la connaître. Même si elle semblait regarder tout le monde avec des couteaux dans les yeux.



Heidi vint les rejoindre. Samira et Micky se regardaient toujours avec violence, on pouvait s'attendre à tout moment de voir Samira se jeter sur lui. Micky, soutenait son regard d'une manière assez terrifiante, lui signifiant de rester à sa place. Shawn pensa qu'il n'était plus dans la cour des petits et il sentit comme un frisson dans le dos.




Heidi, tout sourire, appaisa les esprits de Micky.

- Micky, je m'ennuyait, il y a si peu d'activités, je me suis dit qu'on pourrait discuter.

- Une chance qu'il y a des filles comme toi ici Heidi. C'est toi qui me divertis.

- C'est avec toi que je préfères parler. On dirait que tu me comprends.

Shawn observait toujours Samira. Sa violence mettait beaucoup plus de temps à se calmer. Son attention se portait maintenant sur Heidi dont le comportement semblait l'agacer au plus haut point.



Heidi et Micky se sont éloignés pour poursuivre leur conversation.

- Je suis contente qu'il y ait quelqu'un comme toi, ici, Micky. Le séjour va me paraître moins long si j'ai une personne à qui parler et sur qui je peux m'appuyer.



- Alors Micky, juste comme ça, tu crois que tu vas mettre combien de temps pour que j'aie ma cuisinière.

- Tu uses de tes charmes pour arriver à tes fins à ce que je vois. Tu me prends déjà par les sentiments. Elle arrivera quand elle arrivera. T'en fais pas, je t'ai dit que tu me cuisinerais de bons petits plats et tu le feras.

- Je n'attends que ça, Micky.

- Moi aussi, alors ne me rabats pas les oreilles avec ça non plus. Tu l'auras, maintenant sois sage et patiente.



- Daccord Micky, je ne t'embête plus.



- Pardon, je.... ça ne t'as pas dérangé....

- Ne t'excuses pas Heidi, ça m'a plût.



- Allez, je vais nettoyer un peu.

- J'irai me coucher bientôt.

- On se voit demain alors.



Heidi constata, qu'il n'y avait ni lave-vaisselle ni évier pour nettoyer les assiettes. Elle fila donc à la salle d'eau pour y récurer les toilettes.



Elle fût la dernière à se mettre au lit ce premier soir. Elle fût longue à trouver le sommeil. Cette journée avait été remplies d’événements auxquels elle n'était pas préparé. Elle avait décidé de changer de vie, de prendre un nouveau départ et son passé la rattrapait. Elle aurait voulu simplement effacer cette période de sa vie et qu'elle n'ait plus jamais exister, qu'elle n'ait plus jamais refait surface. Mais ça ne s'était pas passé ainsi, ça ne se passait jamais ainsi, il fallait affronter notre passé, nos actes, ce qu'on avait été et ce qu'on était, il nous fallait l'affronter de face. Et c'est tout ce qu'elle affrontait chaque fois qu'elle voyait Kendo qui la ramenait à ses faiblesses, à ses bassesses et à tout ce qu'elle haïssait en elle, tout ce qu'elle essayait de fuir. Elle savait qu'il lui serait dur de changer, elle savait que ça allait être un épreuve, elle avait appris ces comportements si jeune. Elle ne connaissait pas d'autres manières de se comporter.

Kathia s'était mise au lit beaucoup plus tôt. Elle avait besoin de ces temps de recueillement pour penser à lui. Penser aux bons moments qu'ils avaient passés ensemble. Ce pique-nique où ils avaient tant ris tous les deux, cette pièce qu'ils avaient vu au théâtre, cette baignade à la mer, où ils s'étaient rapprochés, elle l'avait senti, oui, ils s'étaient rapprochés. Et puis, elle repensait à ce repas au restaurant, où ils avaient dîné et qu'il lui avait annoncé qu'ils n'étaient pas ensemble et qu'il ne souhaitait qu'une relation amicale avec elle. Ce repas a tout gâché, tout était gâché entre eux, mais tout se gâchait aussi en elle. Elle changeait. Ce jour-là, elle avait quitté le restaurant, de nombreuses larmes inondant ses joues, la douleur au ventre, elle était rentrée chez elle, s'y était enfermée pendant 3 ou 4 jours, peut-être 5, elle ne se souvient plus. Puis, petit à petit, elle avait changé. Elle voyait plus ce changement maintenant, elle en prenait conscience, tranquillement. La nuit, elle rêvait, elle rêvait aux gestes qu'elle avait posée, elle revoyait ce qui s'était produit, elle le revivait. Elle s'éveillait souvent en larmes, en sueurs, en cris, et pensant toujours à lui. Oui, il obssédait toujours ses pensées, encore aujourd'hui, de jours, comme de nuit.



Samira s'endormit tard, elle était agité et ne cessait de se tourner dans son lit, son minable lit de fer, se demandant combien de temps le fer prenait de temps pour fondre et à quel chaleur. C'était le genre de questions qu'elle se posait. Elle se demandait aussi combien de temps mettrait Micky à suffoquer sous son oreiller avant qu'il ne décède par accident, si elle lui maintenait sur la tête pendant qu'il dormait. Ou si une maison si vide mettait du temps à brûler. Son esprit était parsemé des pensées les plus violentes sans jamais qu'une image teintée de joie s'y introduise.

Micky s'endormit en pensant à cette blonde, qu'il avait connu, Heidie. Elle lui paraissait être maléable, comme il les aimait, douce, soumise et affectueuse, des qualités qu'il appréciait chez une femme.



Shawn n'avait pas bien mesuré la gravité des gestes qu'on lui reprochait jusqu'à maintenant. Mais de devoir dormir dans un centre de réinsertion, au milieu de détenus au fiche criminelle plus chargé que la sienne, lui rappelait que ce qu'il avait fait n'était pas bien. On ne se retrouve pas dans cette situation parce qu'on a fait des choses biens, non, s'il était là, c'est qu'il avait mal agi. Il avait pris des choses qui ne lui appartenait pas. Il avait volé des maisons, des entreprises, des voitures. Il adorait les voitures, la sensation de conduire une voiture de luxe. Il en avait volé plusieurs, des voitures de luxe et s'était retrouvé plus d'une fois au centre d'une poursuite policière dangereuse. Il aimait la puissance que lui apportait les voitures luxueuses. Ce soir-là, dans son lit, il prit conscience de la dangerosité de son comportement. Juste avant de s'endormir, il pensa à Samira. Cette fille l'intriguait, il espérait pouvoir traverser un peu sa coquille.

Kendo pensa à Heidi, qui disait avoir changé. Il n'en croyait rien, elle était ce qu'elle était. Il l'avait connu dans ses débuts, elle devait avoir 18 ans. Elle avait été invité chez l'un de ses amis, elle était danseuse. Ils s'étaient rappelé un peu plus tard, elle l'avait rejoint. Il l'avait payé, ils avaient discutés, elle avait dansé pour lui, ils avaient bu, elle  avait fait ce qu'il avait voulu. Ils s'étaient revu, chaque fois il la payait et elle faisait ce qu'il lui demandait. Elle était sa poupée. Sa poupée qui faisait tout ce qu'il demandait avait aussi travailler pour lui. Elle avait montré son corps, dans des danses lascives pour le plaisir de ses nombreux amis. Heidi n'avait pas changé, elle redeviendrait sa poupée. C'est sur ces dernières pensées qu'il fermât les yeux et s'endormit.

Samira fut la première levée. Vêtue de la chemise de nuit au colori de la prison qu'on lui avait remis, elle se rendit dans la cuisine.

Les assiettes de la veille traînaient sur la table, ces imbéciles n'avaient pas fait la vaisselle, fut la première pensée qui s'éclaircit dans son esprit encore embrouillé par le sommeil.

Elle se servit des restes de la salade du dîner de la veille, repoussa une ou deux assiettes de la main et s'installa à table. À peine avait-elle porté la fourchette à sa bouche qu'elle vit Shawn faire son entrée, torse nu, vêtue d'un caleçon, toujours au colori de la prison, ce colori qu'elle détestait, cette couleur qu'elle n'avait jamais aimé.



Shawn prit tout ce qu'il restait de la salade, se dirigea vers la table encombrée de vaisselles, se disant qu'il faudrait se procurer un évier rapidement. Samira y était assise, elle faisait mine de l'ignorer, projetant son regard droit devant elle, mais il remarquât qu'elle le regardait du coin de l’œil, c'était à peine perceptible, mais c'était bien ce qu'elle faisait, elle l'observait du coin de l'oeil.



Shawn s'installa aux côtés de Samira, lui lançant un " bonjour" timide. Ne sachant comment la prendre et redoutant son caractère du matin. Comme toutes les femmes, elle devait être un peu moins complaisante à son réveil se disait-il, et Samira n'était pas du genre complaisante, elle était plutôt du genre froide et agressive, il restait donc sur ses gardes, ne sachant quoi lui dire. Il ne voulait pas la froisser aujourd'hui, déjà que la veille leurs échanges n'avaient pas été des plus tendres.  

Samira, sans prendre la peine de se tourner vers lui, lui renvoya un "bonjour" du bout des lèvres.



Shawn finit par quitter la table, se disant qu'il ferait la conversation à Samira à un autre moment. Pour l'instant, il n'arrivait pas à l'amadouer, mais ça viendrait, tranquillement, mais sûrement. Il voulait l'apprivoiser tout en douceur, ne pas la brusquer. Il voulait découvrir qui elle était réellement, sous sa carapace rigide. Il voulait la charmer petit à petit. Ce matin-là, il se dit que ce serait son objectif. Shawn était habitué à ce que les femmes viennent à lui, elles recherchaient sa compagnie. Samira était différente, il voulait d'autant plus l'avoir.

Shawn décida d'aller se faire un petit footbag matinal. Franchissant la porte de la Prison, il s'aperçut qu'il était beaucoup plus tôt qu'il ne l'avait d'abord crût, le soleil n'était pas encore levé. Tout en réveillant les muscles de ses jambes encore engourdie par cette première nuit sur son petit lit de fer, il repensa à Samira et se dit qu'elle était une lève-tôt comme lui. Apparemment ce n'était pas le cas des autres, il pensa alors qu'il pourrait profiter de ses moments seule avec Samira.



Shawn constata qu'il avait progressé avec le footbag, ses réflexes, ses mouvements, son agilité s'améliorait. Il réussissait des passes qu'il avait échoué le jour précédent. Il enchaînait les coup sans que le footbag ne touche le sol. Il était reconnaissant aux directeurs du centre d'avoir fourni ce footbag qui lui permettait d'entretenir sa forme, de peaufiner son adresse, et un peu aussi, de servir d'exutoire à ses tensions.



Kendo avait fait sa toilette, puis enfilé l'uniforme avant de se rendre à la cuisine. Il y vit Samira se levant de table. Elle était seule, elle portait encore ses vêtements de nuit, laissant apparaître ses fines jambes. Il l'intercepta avant qu'elle ne quitte la pièce.



- Ne te sauve pas comme ça Samira, j'avais envie de discuter un peu avec toi depuis hier et on n'en a pas eu vraiment l'occasion. Ce matin, j'arrive dans la cuisine et tu te précipites vers la porte, je te fais peur ou quoi.

- Pas du tout. On me fait rarement peur si tu veux savoir. Si je quittes la pièce, ce n'est pas par peur mais plutôt par désintérêt.

- Oh t'es dur avec moi de si bon matin, lança-t-il, à demi-sourire.



- Regardes-moi dans les yeux et dis moi que tu es désintéressée totalement de ma personne.

- Je suis totalement désintéressé de ta personne alors pousses-toi de mon chemin.



- Moi, je te trouve jolie. On sera enfermé ici un bon moment tous les deux, autant s'amuser, tu ne crois pas.



- Kendo, si on s'amuses tous les deux, ce sera que je m'amuse de ta personne, n'y compte pas trop.



- Alors viens t'amuser de ma personne, Samira, viens par là, allez montre-moi ton jolie petit cul, t'es sexy ce matin, tu me fais bander, juste a penser que je prend ton petit cul dans mes mains pour te monter sur la table de la cuisine.



- Ne t'avises pas de me toucher connard. Je suis tombé sur des abrutis, 3 abrutis, et 2 idiotes en bonus. Allez barres-toi.



- Ne me traites pas d'abruti, tu joue avec le feu, Samira, tu pourrais t'y brûler.

- Le feu, je connais, tu brûleras avant moi, connard.



Micky sortait de la salle d'eau lorsqu'il aperçut Heidi sortant de sa chambre, sa nuisette suivant parfaitement ses courbes généreuses. Sa poitrine si voluptueuse était sur le point de sortir de sa nuisette. Micky avait de la difficulté à en détacher ses yeux brillants d'excitation et de désir.

- Tu permets, Micky, je voudrais me rafraîchir.



- Bien sûr Heidi, vas-y, lui répondit-il réussissant avec peine à remonter ses yeux vers son visage.



- Heidi, je peux te poser une question.

- Poses-là, on verras, lui répondit-elle, un léger sourire sur les lèvres.

- Sans vouloir te vexer, je peux te demander si ta poitrine a été refaite.




- Elle est parfaitement naturelle. J'ai été un peu gâté par la nature, si on peut dire.



- Wow, naturelle, en plus. Je ne voulais pas être indiscret.



- Ce l'était un peu Micky, mais tu es déjà pardonné, minauda-t-elle.



- Ce ne peut pas être réel, il me faut des preuves, Heidi.



- Petit cochon, il faut me croire sur parole.



- Bon daccord, je te laisse passer à la douche, belle Heidi.

- Un vrai gentleman, dit-elle en riant, avant de passer devant Micky, affichant une démarche sexy, mais avec une petite pointe de culpabilité, tout de même, pour ce comportement aguicheur qui l'avait menée toujours plus loin, dans la face sombre d'elle-même. Ce côté qu'elle voulait effacer d'elle pour tout recommencer, cette partie d'elle qu'elle voulait enterrer sans quoi, elle risquait de se perdre toujours plus. Mais ce Micky était si charmant, elle ne pouvait s'empêcher de vouloir lui plaire, il n'était pas comme les autres, il n'était pas méchant, c'était un homme très gentil, pensa-t-elle, le connaissant depuis à peine quelques heures, elle le sentait, et même si son instinct l'avait trahie de nombreuses fois, elle avait déjà accordé sa confiance à Micky, qui lui portait de l'attention, et peut importait si on l'avait condamné, elle n'y pensait même pas. Elle ne voulait simplement pas se questionner sur les crimes qu'il aurait pu commettre.

Elle ne pût pas non plus, s'empêcher de se retourner avant d'ouvrir la porte de la salle d'eau, pour lui lancer un petit regard coquin, affichant une petite moue de ses lèvres pulpeuses.




Seule, dans la douche, elle fût étonné que Micky ne l'ait pas rejoint après ses gestes invitant. Elle eu dabord peur de ne pas l'intéresser, de ne pas l'attirer, puis, elle fût soulagée qu'il ne soit pas venue, elle voulait une vraie relation, mais n'était-ce pas ce qu'elle avait toujours souhaité, au fond, sans jamais l'obtenir. Elle voulait connaître de lui plus que son corps. Et elle voulait qu'il connaisse plus d'elle, non pas ses mauvais côté mais les quelques bons, oui, elle devait bien avoir du bon en elle. Il devait bien rester quelque chose qu'on n'avait pas brisé.

Heidi prenait conscience qu'il lui était difficile de changer, qu'elle n'y arriverait pas du jour au lendemain. Elle agit donc sur un plan qui ne lui échappait pas, développer ses talents culinaires pour pouvoir s'assurer un revenu ne provenant pas d'actes criminelles et punissable par les lois régissant Twinbrook. Elle devait acquérir les compétences qui lui permettraient de faire un métier honorable et respectable au sein de la communauté. C'est ce qu'on lui avait demandé de faire pour obtenir son billet de sortie et c'est ce qu'elle ferait.



Elle coupa les légumes, tout en essayant de ne pas avoir trop d'écart dans la taille de ceux-ci. Elle voulait que cette seconde salade soit plus réussi que la première. Faute de pouvoir varier le menu, elle allait au moins s'améliorer dans l’exécution du plat.



Elle ajouta un peu de saveur, un peu plus que le jour précédant, elle voulait que ce soit plus goûteux.



Pas trop tout de même. Elle savait que trop, c'était comme pas assez. L'assaisonnement devait être bien dosé.



Il fallait aussi bien mélanger, pour que l'assaisonnement soit uniforme. Une faute qu'elle avait commise précédemment. Elle apprenait de ses erreurs, oui, elle était capable d'apprendre un métier, un vrai métier.



Même la présentation semblait plus soignée, pensa-t-elle, avec une certaine fierté.

Elle hurla:

- J'ai fait une autre salade pour ceux qui n'ont pas mangé. Vous pouvez vous servir.



Samira qui avait mangé quelques heures plus tôt, fût la première à se servir. Elle avait toujours pensé que la salade c'était pour les lapins et avait aussi faim que si elle n'avait rien avalé un peu plus tôt.

Shawn, Micky et Kendo avaient détalé dans la cuisine aussîtot qu'ils avaient entendu Heidi crier.



Katia, qui venait à peine de sortir du lit, se servit à son tour.

Heidi, contente de son plat, n'imaginant même pas il y a encore quelques jours en être capable, promenait son regard autour d'elle pour observer les réactions de ses comparses.



Tous vinrent manger, Heidi était aussi contente de réunir tous le monde autour d'un repas, un repas qu'elle avait fait en plus. Elle pouvait se reprocher certaine chose, mais elle constatait aussi qu'elle cheminait déjà, oui, elle avait progressé en l'espace de quelques heures.

Les autres étaient aussi content qu'elle se charge des repas, personne d'autre n'avait à le faire et ça faisait l'affaire de tout le monde.



Heidi, commençant à prendre les bonnes habitudes d'une femme d'intérieur, rangea les restes
du repas au réfrigérateur.



Samira se rendit à la salle d'eau pour y prendre une douche.

- Non mais quel bande de cochon, quand même, je me retrouve à décrasser leurs saletés si je ne veux pas me baigner dans leurs microbes.

Elle manifesta son mécontentement haut et fort pour que les principales concernés
l'entendent.

Ce n'était que le deuxième jour et tous l'insupportait. Elle sentait qu'elle ne pourrait plus
contenir sa colère longtemps. Elle s'était exprimé verbalement et ça ne semblait pas convenir,
peut-être comprendraient-ils plus avec des gestes.



Katia ne cherchait pas à rejoindre le groupe, elle ne recherchait la discussion avec personne. Elle préférait rester seule avec elle-même, seule avec ses pensées, seule avec son amour. Son amour qui n'était pas perdu, non, bientôt, elle le reverrait, ils se retrouveraient et il comprendrait son erreur, oui, il comprendrait qu'il l'aimait et ils pourraient enfin vivre leur merveilleuse histoire d'amour.

Tout en rêvant à leurs retrouvailles, Katia peignait une robe, une jolie robe marron et dorée, celle qu'elle s'imaginait porter le jour où il lui dirait qu'il l'aimait, qu'il ne voulait plus être séparé
d'elle, jamais.



La première fois qu'il l'avait vu, elle portait une robe, c'était le printemps, elle se
promenait sur la plage, elle ramassait des coquillages.

Lui, il pêchait, il l'avait observé quelques instants avant de ranger sa canne à pêche. Puis, il s'était approché d'elle, faisant mine de chercher lui aussi des coquillages.

Dès qu'elle l'avait vu, elle avait tout de suite été attirée par son charme et sa beauté.

Il s'était approché d'elle, lui avait souri, elle lui avait souri béatement, le regardant avec insistance. Il s'était penché, avait ramasser l'un des plus beau coquillage qu'elle n'ait jamais vu, et lui avait remis, lui disant qu'il valait mieux garder les yeux au sol pour ne pas manquer de telles merveilles.

Katia avait alors pensé qu'il y avait plus merveilleux encore que ce coquillage et c'était cet homme, si gentil et si charmant. Ils avaient passé des heures ensemble à discuter ce jour-là, il avait grillé du poisson sur le feu. Puis, prévenant, il l'avait reconduite chez elle, parce que la
nuit était tombée.

Il l'avait raccompagné sur le perron, lui souhaitant simplement une bonne nuit, ajoutant qu'il avait passé une très belle journée. À bientôt, lui avait-il lancé, je suis content de t'avoir rencontré, Katia, lui cria-t-il avant de démarrer en trombe avec sa voiture. Après cette journée avec lui, il l’obssédait déjà. Elle n'avait qu'une hâte, celle de le revoir.



Après ce petit entraînement de footbag, Shawn enleva son caleçon pour se glisser sous une bonne douche fraîche. Il aimait sentir l'eau tiède, presque froide, sur sa peau, il trouvait cela revigorant et c'était presque toujours à cette température qu'il se douchait.

Avant, quand il n'était pas prisonnier, il était toujours le premier à affronter l'eau de la mer au printemps et le dernier à la quitter à l'automne. Reverrait-il la mer un jour, la reverrait-il bientôt, elle lui manquait déjà. C'était l'été, il faisait chaud, il aurait fait bien des choses pour s'y retrouver, libre, nageant dans cette mer qu'il adorait.

Et si il y allait, le terrain de la prison n'était pas clôturé, pensait-il. Le terrain n'était pas clôturé, mais il y avait ces cameras, ces cameras qui les filmait, nuit et jour, on remarquerait vite sa disparition. Des membres du corps policier devait être payé pour les regarder, pour s'assurer qu'ils ne quittent pas les limites de La Prison. Mais si il n'y allait que quelques minutes et qu'il revenait. Shawn ne cessait de retourner les informations qu'il savait dans sa tête. S'il le faisait, arriverait-il à faire cette petite escapade et revenir sans que l'on ne s'en rendre compte. Et si on s’apercevait de son absence, que se passerait-il, qu'elles en seraient les conséquences, lui laisserait-on une chance, une toute petite chance.