Proverbes, dictions, adages, maximes, saynètes... Nous avons tous des idées ou des pensées qui nous animent avec tant d'ardeur que parfois les mots nous manquent pour les exprimer nous-mêmes. Et puis, un jour ou un autre, nous sont murmurées ou hurlées aux oreilles de ces citations qui sonnent alors comme une évidence en nous...
Aujourd'hui, une en particulier. Demain, une autre... Mais toutes celles qui font écho en nous à un instant précis de nos existences, ou de notre quotidien, finissent par tisser une sorte d'héritage culturel qui nous guide ou nourrit notre psyché, durablement.
Je vous invite, à travers ce sujet, à les partager... Sans oublier d'en préciser les auteurs (qu'ils soient connus ou non) ou les sources, le cas échéant. Et de les traduire, si vous postez des originales en langue étrangère (peu importe laquelle).
Dim 1 Nov 2015 - 22:13
Dernière édition par Loba le Dim 1 Nov 2015 - 22:26, édité 3 fois
Loba
Anar à crocs
Messages : 5492 Remerciements : 773 Date d'inscription : 19/12/2014
Et je me permets de commencer avec celle qui, aujourd'hui et en particulier à la lecture de ce petit mot de Chouette (mon électro-choc du jour), m'a donné envie de créer ce sujet.
« On n'a pas deux cœurs, l'un pour l'homme, l'autre pour l'animal… On a du cœur ou on n'en a pas. » [Lamartine]
Dim 1 Nov 2015 - 22:17
Chouette
Irréductible Sim
Messages : 57 Remerciements : 50 Date d'inscription : 28/08/2015
j'aime les citations même si parfois ça peut être dangereux (sorti de contexte) ou un peu kitsh et bien sûr que j'ai plein d'idées.
La tienne fait très Lamartine , ça marche dans les deux sens, ça va moi j'aime les humains (ça dépend mais je suis une grand e humaniste) et les animaux même les petites souris qui essayent de me piquer du chocolat , ouf !
Ma citation préférée viens d'un auteur très connu mais assez méconnu, très ironique : Rien ne sert de rien. — Et, d’abord, il n’y a rien. Cependant tout arrive : — mais cela est bien indifférent !
de Théophile Gautier.
C'est étrange cette phrase ne semble pas du tout venir d'un auteur romantique, on dirait quelque chose de métaphysique à la Beckett, mais Gautier est un auteur à part entière et très ironique. Bref j'aime cette phrase et ça n'a rien à voir mais elle est tirée d'un roman assez intriguant ( où le doute plane sur le genre du personnage principal et dans la préface duquel Théophile lance son célèbre (si si célèbre) "Tout ce qui est utile est laid" en comparant l'art et les toilettes, endroit le plus laid mais le plus utile de sa maison.
bref j'ai plétores de citations à vous proposer
Dim 1 Nov 2015 - 23:51
Amokrane
Robot Gestionnaire
Messages : 1014 Remerciements : 338 Date d'inscription : 19/12/2014 Age : 33
J'en ai une de Bob Black qui est un anarchiste américain qui a écrit "the abolition of work", et d'ailleurs ma citation vient de ce livre.
"The only thing “free” about so-called free time is that it doesn’t cost the boss anything. Free time is mostly devoted to getting ready for work, going to work, returning from work, and recovering from work. Free time is a euphemism for the peculiar way labor, as a factor of production, not only transports itself at its own expense to and from the workplace, but assumes primary responsibility for its own maintenance and repair."
Par contre c'est pas facile à traduire, mais je tente !
"La seule chose "gratuite" à propos de ce qu'on appelle le temps libre (temps gratuit, littéralement en anglais), c'est que ça ne coûte rien au patron. Le temps libre est surtout consacré à se préparer au travail, aller au travail, revenir du travail et récupérer du travail. Le temps libre est un euphémisme pour la façon particulière qu'a le labeur, comme facteur de production, de non seulement se déporter, à son dépend, au et depuis le lieu de travail mais en plus d'assumer la principale responsabilité de sa propre maintenance."
J'aime beaucoup vos citations aussi ! Chouette la tienne mérite d'être relue plusieurs fois
Lun 2 Nov 2015 - 12:24
Dranix
Irréductible Sim
Messages : 56 Remerciements : 25 Date d'inscription : 15/06/2015
J'aime beaucoup ce genre de sujet, c'est chouette d'en retrouver un ici ! Celles que vous avez proposé sont très intéressantes d'ailleurs !
Pour ma part, j'ai toujours un mal fou à retenir les citations, alors à force je note toutes celles que je peux. Une de mes préférées est une citation d'Orson Welles (je l'ai découverte dans un jeu vidéo, je suis bien incapable de vous en dire plus sur lui ou sur le contexte) : "If you want a happy ending, that depends, of course, on where you stop your story." Ce qui peut se traduire par (de façon que je trouve assez maladroite, mais ça m'a l'air compréhensible) : "Si vous voulez une fin heureuse, cela dépend, évidemment, du moment où vous arrêtez votre histoire."
Lun 2 Nov 2015 - 14:23
Amokrane
Robot Gestionnaire
Messages : 1014 Remerciements : 338 Date d'inscription : 19/12/2014 Age : 33
Elle est intéressante aussi celle-là Dranix ! Je l'ai lue à mon compagnon, et il a dit que c'était un peu le thème du livre qu'il vient de terminer :) (c'est une série qui s'appelle la justice de l'ancillaire). Je la retiens en tout cas !
Lun 2 Nov 2015 - 23:09
Chouette
Irréductible Sim
Messages : 57 Remerciements : 50 Date d'inscription : 28/08/2015
Amo ta phrase est très intéressante à réfléchir dessus surtout en ce moment.
Dranix mais comme je kiffe sa race cette phrase, ça me fait penser au concept d'anti-destin de Malraux , ça implique beaucoup de choses très belles.
Orson Welles c'est le réalisateur de Citizen Kane (que je n'ai jamais vu alors que j'ai vu la Classe Américaine beaucoup beaucoup de fois ) et il n'aime pas les voleurs et les fils de
Je vous propose mon autre phrase qui me fait pense à celle de Théophile et qui à une résonance particulière également et qui correspondant bien à ma philosophie de vie : Tout jadis. Jamais rien d'autre. D'essayé. De raté. N'importe. Essayer encore. Rater encore. Rater mieux.
C'est de Samuel Beckett dans Cap au pire en 1991
Mar 3 Nov 2015 - 2:17
Loba
Anar à crocs
Messages : 5492 Remerciements : 773 Date d'inscription : 19/12/2014
Je ne suis pas d'accord avec tout le propos (généraliste, s'entend) de Théophile Gautier mais... Il a écrit quelques phrases qui me... Donnent de l'entrain, me touchent en-dedans, ébranlent mes serrures intimes, repoussent mes limites...
L'idée majeure exprimée qu'il me reste en mémoire de lui, tout particulièrement, est celle-ci ;
Qu'importe que ce soit un sabre, un goupillon ou un parapluie qui vous gouverne ! C'est toujours un bâton et je m'étonne que des hommes de progrès en soient à disputer sur le choix du gourdin qui leur doit chatouiller l'épaule, tandis qu'il serait beaucoup plus progressif et moins dispendieux de le casser et d'en jeter les morceaux à tous les diables.
D'autant plus quand on considère qu'elle fut posée sur papier dans les années dix-huit-cents et des poussières. Et que des poignées de poussières plus tard, des pelletées et remorques pleines de p'tains de camions -pseudo-révolutionnaires- même ! De nos jours, en somme, encore. Cette phrase reste terriblement d'actualité...
Mar 3 Nov 2015 - 23:51
Loba
Anar à crocs
Messages : 5492 Remerciements : 773 Date d'inscription : 19/12/2014
C'est très beau effectivement, il y a une phrase de Victor Hugo qui y ressemble un peu
Celle d'avant est très intéressante, je savais que c'était un frondeur mais pas à ce point, en fait à part certains de ces romans lu il y a longtemps je ne le connais pas tellement bien. ça reste d'actualité mais ce n'est pas si étonnant pour le XIXème siècle, il suffit de lire le Mariage de Figaro qui lui est tellement plein de phrases accrocheuses que je pourrais presque ici citer la pièce en entier.
Il y en a une sympa d"Egdar Morin qui est un personnage que j'aime beaucoup, comme Michel Serres d'ailleurs (et ils se suivent mutuellement sur Twitter, à plus de 90 ans chacun je trouve ça trop mignon) c'est : "Le meilleurs des monde n'est pas forcément un monde meilleur. A propos de Michel Serres, je pourrais mettre plein d'extrait qu'un essai que j'adore, Le Tiers Instruit, mais j'en mets que trois "Qui ne bouge n'apprend rien. Oui, pars, divise-toi en parts. "
Aime l'autre qui engendre en toi l'esprit.
et la dernière que j'utilise beaucoup pour justifier ma paresse : Un certain désordre favorise la synthèse.
Mer 11 Nov 2015 - 2:27
Loba
Anar à crocs
Messages : 5492 Remerciements : 773 Date d'inscription : 19/12/2014
Et elle est de qui celle-là, AK ? *Sourire taquin*
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Dans la lignée de ma précédente de Coluche, en voici deux autres de Pierre Desproges, deux philosophes-comiques qui (me) manquent cruellement ;
« L'adulte ne croit pas au Père-Noël. Il vote. » [Issue du "Manuel de savoir-vivre à l'usage des rustres et des malpolis"]
« Nous n'avons plus de grand homme, mais des petits qui grenouillent et sautillent de droite et de gauche avec une sérénité dans l'incompétence qui force le respect. »
Et, tiens, une dernière qui colle bien à l'absurdité actualité bleu-marine aussi ;
« Les chiffres sont accablants : il y a de plus en plus d'étrangers dans le monde. »
Ven 11 Déc 2015 - 20:32
Loba
Anar à crocs
Messages : 5492 Remerciements : 773 Date d'inscription : 19/12/2014
Allez, rien à voir et pour rire un peu, en terrasse ou à... L'hosto (comme notre tant bien-aimée lapine)...
« Quelque part sur terre, c'est toujours l'heure de l'apéro ! » [Niblette... Qui, foncedée, répète je n'sais qui... Aux blouses blanches qui vont lui opérer la patte...]
(Ma douce, tu me pardonnes de me permettre de partager ce fou rire lâché de confettis ?)
Ven 11 Déc 2015 - 22:10
Error
Trash codeuse
Messages : 834 Remerciements : 213 Date d'inscription : 07/01/2016 Age : 30 Localisation : Entre les crocs acérés de l'autre cinglée de Loba, juste parce-que je ne relance pas le jeu Action ou Vérité !
En une phrase [qui touche directement et rapport avec l'image] : "Éloigne des hypocrites au lycée, vaut mieux être tout seul tout le temps qu'entouré de vieilles harpies".
Sur ce, je sors en disant que ton image est belle Error.
Ven 8 Jan 2016 - 7:24
Loba
Anar à crocs
Messages : 5492 Remerciements : 773 Date d'inscription : 19/12/2014
On n’entend plus que le roulement de quelques fiacres attardés et éreintés. Pendant quelques heures, nous posséderons le silence, sinon le repos. Enfin ! La tyrannie de la face humaine a disparu, et je ne souffrirai plus que par moi-même.
Enfin ! Il m’est donc permis de me délasser dans un bain de ténèbres ! D’abord, un double tour à la serrure. Il me semble que ce tour de clef augmentera ma solitude et fortifiera les barricades qui me séparent actuellement du monde.
Suite:
Horrible vie ! Horrible ville !
Récapitulons la journée :
Avoir vu plusieurs hommes de lettres, dont l’un m’a demandé si l’on pouvait aller en Russie par voie de terre (il prenait sans doute la Russie pour une île) ;
Avoir disputé généreusement contre le directeur d’une revue, qui à chaque objection répondait : « — C’est ici le parti des honnêtes gens », ce qui implique que tous les autres journaux sont rédigés par des coquins ;
Avoir salué une vingtaine de personnes, dont quinze me sont inconnues ;
Avoir distribué des poignées de main dans la même proportion, et cela sans avoir pris la précaution d’acheter des gants ;
Être monté pour tuer le temps, pendant une averse, chez une sauteuse qui m’a prié de lui dessiner un costume de Vénustre ;
Avoir fait ma cour à un directeur de théâtre, qui m’a dit en me congédiant : « — Vous feriez peut-être bien de vous adresser à Z… C’est le plus lourd, le plus sot et le plus célèbre de tous mes auteurs, avec lui vous pourriez peut-être aboutir à quelque chose. Voyez-le, et puis nous verrons » ;
M’être vanté (pourquoi ?) de plusieurs vilaines actions que je n’ai jamais commises, et avoir lâchement nié quelques autres méfaits que j’ai accomplis avec joie, délit de fanfaronnade, crime de respect humain ;
Avoir refusé à un ami un service facile, et donné une recommandation écrite à un parfait drôle ; Ouf ! Est-ce bien fini ?
Mécontent de tous et mécontent de moi, je voudrais bien me racheter et m’enorgueillir un peu dans le silence et la solitude de la nuit.
Âmes de ceux que j’ai aimés, âmes de ceux que j’ai chantés, fortifiez-moi, soutenez-moi, éloignez de moi le mensonge et les vapeurs corruptrices du monde, et vous, Seigneur mon Dieu ! Accordez-moi la grâce de produire quelques beaux vers qui me prouvent à moi-même que je ne suis pas le dernier des hommes, que je ne suis pas inférieur à ceux que je méprise ![/i]
[Charles Baudelaire, "À une heure du matin"]
Lun 15 Fév 2016 - 1:00
Loba
Anar à crocs
Messages : 5492 Remerciements : 773 Date d'inscription : 19/12/2014
« Si vous lisez ceci, alors cet avertissement est pour vous. Chaque mot que vous lisez de ce texte inutile est une autre seconde perdue dans votre vie. N’avez-vous rien d’autre à faire ? Votre vie est-elle si vide que, honnêtement, vous ne puissiez penser à une meilleure manière de passer ces moments ? Ou êtes-vous si impressionné par l’autorité que vous donnez votre respect et vouez votre foi à tous ceux qui s’en réclament ? Lisez-vous tout ce que vous êtes supposés lire ? Pensez-vous tout ce que vous êtes supposés penser ? Achetez-vous ce que l’on vous dit d’acheter ? Sortez de votre appartement. Allez à la rencontre du sexe opposé. Arrêtez le shopping excessif et la masturbation. Quittez votre travail. Commencez à vous battre. Prouvez que vous êtes en vie. Si vous ne revendiquez pas votre humanité, vous deviendrez une statistique. Vous êtes prévenu... »
Tyler
("Avertissement" tiré du film Fight Club)
Ven 19 Fév 2016 - 12:27
Loba
Anar à crocs
Messages : 5492 Remerciements : 773 Date d'inscription : 19/12/2014